Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de… une superbe tortue. Je me précipite, la saisis, l’ouvre à la hache, la vide, mets le foie, le cœur et les tripes vidées à la casserole, conserve le reste dans la carapace, débite une souche énorme, coupe les piquets du boucan. Le feu flambe, la soupe cuit ; dans sa carapace la tortue mijote. Couvert de son sang je prends un bain glacé de nuit, puis, le ventre plein, repose satisfait.

Mercredi 28 Décembre.

Je termine la tortue avec Boby et en route ! C’est dur. Je sens une fatigue inhabituelle due sans doute à l’effort fourni la veille. J’avance peu mais enfin, j’avance tout de même. — Haltes nombreuses sur troncs d’arbres couchés, le sac me servant de dossier.

Colonnes de fourmis ressemblant à de petits papillons verts transportant de larges morceaux de feuilles tendres en une interminable procession, qui mettent la terre à nu, la nettoyant comme une coulée de laves.

Colibris et papillons nullement effarouchés viennent tout près — silence du bois. — Chaque fois, on se demande si l’on pourra repartir et l’on sait que l’on va repartir…

En avant !… montagnes, marécages. Le soir, crevé, j’arrête. Je couche en plein bois, là où il y a deux arbres pour tendre le hamac.

Jeudi 29 Décembre.


Dépassé trois carbets Cottin, puis grande crique — trois nouveaux petits carbets auprès d’un ruisseau marécageux. Avance tant que je puis et comme je peux. — Faim, épuisement.