Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

graisse, ont fait de la botte une gangue, un étau douloureux.

J’ai coupé au rasoir ; ça a donné une paire de souliers impossibles à mettre, une paire de guêtres que j’ai cousue, rafistolée tant bien que mal pour aller avec les brodequins achetés ce matin. Trois jours ont suffi pour tuer les bottes, la pluie pour rouiller le chronographe (l’horloger le déclare perdu). Plus de bottes, plus de montre ; comble de malchance, mon revolver à barillet est en piteux état ; les balles achetées chez Flaubert sont périmées.

L’autre jour, exercice de tir : rien ne marquait la cible. Quel maladroit ! Sur cinq balles, pas une placée… Les cinq étaient dans le caisson, collées étroitement… Un miracle que celui-ci n’ait pas explosé, l’armurier en avait le dos glacé. Les cinq douilles se sont fendues, la poudre était morte. Il a fallu chauffer le canon, après avoir retiré les pièces trempées, pour fondre le plomb des balles. Le barillet en a pris un coup. Il sort à coups de marteau, rentre à coups de poing, mais ça tire… Alors je l’emmène tout de même… et un petit marteau avec ; quel armement ! Bientôt, j’aurai un mousquet pour carabine…

J’ai commencé l’entraînement au tir à l’arc. Sérieux ! On ne sait jamais avec ces armes modernes.

Mon équipement tiendra-t-il le coup pendant dix mois de marche en forêt ? Qui vivra verra. En attendant, à cause de l’encombrement, j’ai supprimé les ampoules de penniciline pour celles de sérums anti-venimeux. Je rogne, je rogne toujours… Tout est étalé dans ma chambre, je n’ai pas le courage d’attaquer, sinon à la dernière heure. Alors on verra.