Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Deux gendarmes l’ont embarqué. Ce n’est pas la première fois ; ils lui ont déjà fracassé la mâchoire lors qu’il voulut poignarder sa patronne à la gendarmerie. Cette fois, on l’enferme pour de bon.

En vérifiant le carnet de compte, M. X… s’est aperçu que le bonhomme achetait tafia, anisette, conserves fines et tabac sur son compte. Il semble que ceux qui me disaient : « vingt ans de bagne plutôt que cinq ans de centrale », aient eu quelques raisons de penser ainsi…

7 Septembre.

On a philosophé jusqu’à deux heures du matin.

J’ai hâte de rentrer pour bouquiner, étudier, je suis terriblement incomplet, je n’ai jamais eu le temps d’alourdir mon bagage ; quel handicap… Il y a tellement de choses à savoir. Ma philosophie est instinctive ; M. X… l’a cependant trouvée semblable en tous points à celle de Nietzsche…

Les journées passent vite, cependant, le temps me pèse. Aurai-je le courage de foncer dans le brouillard… Vite, l’action, j’ai peur de moi-même. Je commence à douter du succès. Et puis, tous ces bruits de guerre, confirmés, démentis. 39, Munich… Ça recommence. Que sera-t-il du monde à mon retour ?

8 Septembre.

Je pensais sauver mes bottes ! Trois jours de forêt lors de la marche forcée Manaa-Iracoubo avec quarante kilogs sur le dos — quatre-vingt-dix kilomètres à pied, trois jours de marche, trois jours de pluie, le cuir raccorni, resserré malgré de multiples applications de