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Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/41

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Pour joindre Sophie à Maripasoula (cinq jours) j’ai mille francs en poche. Je serai obligé d’emprunter au nom de « Sciences et Voyages ».

Je dois avancer maintenant vite et à tout prix.

C’est bizarre, je sens une nette hostilité chez de nombreuses personnes officielles au courant de mon projet, de la froideur chez mes compagnons. Seuls avec Ivanovich, le chef de chantier, nous formons une paire sympa. Évidemment, personne n’imagine ma tentative couronnée de succès. Je sais d’ailleurs qu’ils pensent que je vais abandonner. C’est la guerre froide, la guerre des nerfs et sous ce climat, le cafard gagne vite. Je me sens tellement seul !

Mes vrais grands amis, les B… de Cayenne ! Ah ! quel réconfort que leur douce compréhension. À l’adieu, nos gorges serrées, nos gestes rapides, gauches, les têtes se détournant, sourires qui deviennent des rictus, les mots se ruant aux lèvres tremblantes.

On raconte que la mission Hurault est allée aux Tumuc Humac. Ils auraient rencontré des Indiens très primitifs. Ça m’a fichu un rude coup. Serais-je grillé ? Au fond, je ne crois pas qu’ils aient joint les deux sources et longé la chaîne dans toute sa longueur. Mais enfin, la concurrence est sérieuse. Ils étaient tellement mieux armés que moi pour la réussite… Cafard au coucher du soleil.

Vendredi 30 Septembre.

Pluie — moustiques — on attend la fin des élections pour partir.