Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/43

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brousse !… Je prends à peine le départ et quel départ ! la saison sèche est sérieusement entamée.

J’ai demandé à plusieurs personnes un prêt remboursable par « Sciences et Voyages ». — Excuses habituelles et je me retrouve gros-Jean comme devant.

Retourner ? tout lâcher ?… Pas question !

Il me faut trouver de l’argent ; je réussirai, j’en suis sûr, seulement la saison sèche m’effraie car je serai certainement bloqué par les pluies très bientôt, quelque part dans la région inexplorée.

Quant à moi, peu importe, mais les pellicules seront périmées à partir de Juillet 1950. Elles tiendront peut-être encore quelques mois, mais avec le climat, j’ai bien peur qu’elles deviennent inutilisables pour la reproduction.

Je suis donc esclave de mes pellicules. Je dois faire vite et tout est contre moi ! Il est vrai que, depuis le temps, je devrais en avoir l’habitude.

J’ai téléphoné au Sous-Préfet de St-Laurent à 9 h. du matin, lui demandant d’intercéder en ma faveur auprès d’un négociant guyanais afin d’obtenir un prêt. La journée se passe à espérer sa réponse. Rien. Je téléphone à nouveau. Le sous-préfet est aux champs… J’ai compris… et n’insiste pas.

Avec raison car voici la nuit, je suis fatigué d’être toujours à la merci des autres. — Pas d’argent, pas d’argent !

Lutter de cette manière est épuisant. Ah ! si j’avais des crédits !… Au Brésil déjà je me battais de cette manière. En Guyane, ça recommence. Toute la vie alors ? Ah ! ces préliminaires… Qu’est l’exploration d’un territoire hostile en regard des difficultés rencontrées au départ ?