Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/61

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indien vénérable et tout-puissant des forêts d’Amérique du Sud, par ailleurs, esprit indigène, alors que l’esprit créole n’est qu’importé d’Afrique…

À part ça, il pleut, la nuit est excellente et, au matin, les lignes relevées nous assurent la capture d’un « aîmara » d’une dizaine de kilogs.

Mercredi 12 Octobre.

Départ à l’aube. Froid.

Nous apercevons un superbe tapir, un maïpouri qui traverse la rivière à la nage sans se hâter, met pied sur le tertre argileux d’un ilot et détale pesamment de son trot de pachyderme pesant, bonne mesure, trois à quatre cents kilogs.

Aussitôt après, nous franchissons un rapide terriblement méchant, quoique sans nom sur les cartes et de peu d’importance. Les tourbillons sont violents, le moteur a de la peine à maintenir le canot ; à l’avant, deux hommes, au takari, pèsent de tout leur poids sur les perches souples, évitant à l’étrave des chocs sur des roches immergées fort capables de crever l’embarcation. Nous sortons enfin de cette mauvaise passe, arrêtons un instant pour attendre le second qui en sort aussi victorieusement.

Il y a des brumes sur le fleuve. Installé à l’arrière sur une planche étroite, je grelotte et prends des notes. Boby sommeille.

Nous passons le saut St-Just, puis le saut Lopa, les deux ignorés des cartes du service géographique et cependant assez importants. Il est vrai que les cartes les plus récentes ne mentionnent que trente-deux des quatre-