Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/76

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savent, qui passent l’or en fraude, n’ayant aucun intérêt à le déclarer aux douaniers français ; ensuite, depuis 1855, ce sont les mêmes placers qui sont fouillés de plus en plus profondément et les plus riches se sont épuisés. Là où le mineur en 1856 récoltait trente à quarante grammes par jour, le mineur de 1949 en récolte deux, trois, et pas tous les jours.

Les mineurs guyanais sont des fonctionnaires, en ce sens qu’ils sont en général en ménage, avec de nombreux enfants et, oh ! paradoxe, ils aiment la vie de famille, leur village, leurs amis, leurs habitudes… la routine enfin.

Comme la terre du paysan, le placer du mineur passe de père et fils, mais à l’inverse de la culture, il s’épuise au lieu de se développer.

Aucune aventure, pas de pittoresque, tout est morne et quelconque. Le mineur est embourgeoisé, il a peur de l’aventure, du grand bois, des Indiens et des « piayes » ; s’écarter de son village est une chose extraordinaire à laquelle il ne consent pas sans réticence, et il revient toujours au même endroit. Il objectera que, pour partir prospecter ailleurs et chercher des terres plus riches, il lui faut des vivres, pour avoir ces vivres, de l’argent ou du crédit.

Il n’a ni l’un, ni l’autre et redoutant l’aventure pure, le hasard, redoutant le risque, la famine, la forêt, il demeure, végète et meurt de ne pouvoir partir. C’est la faillite, ils le savent, mais espérant un miracle là où il v en eut un… A-t-on attrapé déjà deux lièvres au même gîte ?

Au Brésil, les chercheurs de diamants, les prospecteurs, sont de rudes hommes que n’embarrassent aucun scrupule, ni lien d’aucune sorte et qui, prenant une