Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/98

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Il est dix heures du matin, nous avons traîné fort tard dans Sophie que nous devions quitter à six heures, mais mon porteur n’ayant pas de katouri a dû en chercher un… palabres… Puis il a chargé son sac d’osier devant les voisins assemblés et compatissants… palabres… Puis il a mangé, cependant que sa femme, la mère de celle-ci et l’arrière ban de la famille l’entouraient avant ce grand départ qui prenait une allure héroïque. Palabres… On me jette des regards noirs, je me sens envahi de remords. Pauvre garçon ! Quelle brute je suis, pour vingt grammes d’or, de lui avoir imposé le port sur trente kilomètres de mauvaise piste d’une charge de trente kilogs !

Nous sommes enfin partis et nous sommes là, tout près d’une petite rivière, un peu essoufflés d’avoir enjambé, ou sauté ou escaladé une centaine de troncs couchés en long ou en travers dans les abatis du village encore tout proche.

Le katouri à terre, le porteur s’éponge le front et :

— Non ! pas aller plus loin, trop lourd, chercher camarade.

Que faire ? Impossible de trouver un autre porteur à moins de cent kilomètres à la ronde… Il part… j’attends.

Un « can can > se pose sur le faîte d’un arbre. Je tire, le tue, le plume, allume un feu. Une fois rôti je partage le « can can » avec Boby’; c’est coriace. Il est midi, le temps passe, je m’énerve.

Les voilà… C’est franc !… Ou je prends le copain qu’il a fallu aller chercher à la mine ou on me laisse tomber ! Le coup est bien monté… et certainement prévu de la veille.

— Ce sera combien ? ?