Page:Maupassant – Chronique, paru dans Le Gaulois, 14 avril 1884.djvu/4

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Un an de prison, fort bien. Cela n’est rien. Pour un an de prison, on peut donc enlever le nez et les oreilles et brûler les yeux d’une rivale dont la beauté vous gêne. La seule manière de punir cette confusion dans le choix de la victime et cette erreur sur le coupable ne serait-elle pas de condamner à des réparations pécuniaires, les seules qui touchent profondément l’humanité ? Ne devrait-on pas ordonner que, pendant dix ans, vingt ans jusqu’à la mort puisque les atroces blessures demeureront jusqu’à la décomposition finale, — que, jusqu’à la mort, celle qui a mutilé ainsi sa rivale, au lieu de frapper l’amant, lui paie une pension, lui fasse une rente, lui donne, si elle est ouvrière, la moitié de ce qu’elle gagne et, si elle est riche, une somme considérable.

L’autre pourra offrir cela aux pauvres, si elle veut.