Page:Maupassant - Émile Zola, paru dans Le Gaulois, 14 janvier 1882.djvu/2

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ÉMILE ZOLA




Il est des noms qui semblent destinés à la célébrité, qui sonnent et qui restent dans les mémoires. Peut-on oublier Balzac, peut-on oublier Hugo quand une fois on a entendu retentir ces syllabes courtes et éclatantes ? Mais, de tous les noms littéraires, il n’en est point peut-être qui saute plus brusquement aux yeux et s’attache plus fortement au souvenir que celui de Zola. Il éclate comme deux notes de clairon, violent, tapageur, entre dans l’oreille, l’emplit de sa brusque et sonore gaieté. Zola, quel appel au public ! quel cri d’éveil ! et quelle fortune pour un écrivain de talent de naître ainsi doté par l’état civil !

Et jamais nom est-il mieux tombé sur un homme ? Il semble un défi de combat, une menace d’attaque, un chant de victoire. Or qui donc, parmi les écrivains d’aujourd’hui, a combattu plus furieusement pour ses idées ; qui donc a attaqué plus brutalement ce qu’il croyait injuste et faux ; qui donc a triomphé plus vite et plus bruyamment de l’indifférence d’abord, puis de la résistance hésitante, du grand public ?

Sa personne aussi répond à son talent. Âgé de quarante et quelques ans, il est de taille moyenne, un peu gros, d’aspect bonhomme mais obstiné. Sa tête, très semblable à celles qu’on retrouve dans