Page:Maupassant - Épaves, paru dans Le Gaulois, 9 décembre 1881.djvu/11

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rées en des caoutchoucs gris, elles ressemblaient à des poteaux télégraphiques qui auraient eu des crinières.

Je reconnus des Anglaises.

Car, de toutes les épaves, celles-là sont les plus ballottées. À tous les coins du monde, il en échoue, il en traîne dans toutes les villes où le monde a passé.

Elles riaient, de leur rire grave, parlaient fort, de leurs voix d’hommes sérieux, et je me demandais quel singulier plaisir ces grandes filles, qu’on rencontre partout, sur les plages désertes, dans les bois profonds, dans les villes bruyantes et dans les vastes musées pleins de chefs-d’œuvre, peuvent ressentir à contempler sans cesse des tableaux, des monuments de longues allées mélancoliques et des flots moutonnant sous la lune sans jamais rien comprendre à tout cela.

guy de maupassant.