Page:Maupassant - Œuvres posthumes, II, OC, Conard, 1910.djvu/212

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Un grand silence suivit, assez long, terrible. Le soldat germain demeurait impassible, riant toujours, en maître qui peut tout vouloir à son gré.

— Mais non, dit-il, fous n’êtes pas chez fous ; fous êtes chez nous. Il n’y a plus bersonne chez lui en France. Et il rit encore, avec la certitude ravie d’affirmer là une vérité incontestable et stupéfiante.

Elle répondit exaspérée :

— La violence n’est pas un droit. C’est un forfait. Vous n’êtes pas plus chez vous qu’un voleur dans la maison dévalisée.

Une colère s’alluma dans les yeux du Prussien.

— Che fas fous proufer que c’est fous qui n’êtes pas chez fous. Car je fous ordonne de quitter cette maison, ou pien je fous en fais chasser.

Au bruit de cette voix méchante, dure et forte, le petit Henri, plus surpris jusque-là qu’effrayé par ces hommes, se mit à pousser des cris perçants.

En entendant pleurer l’enfant, la comtesse perdit la tête et l’idée des brutalités auxquelles cette soldatesque se pouvait livrer, des dangers que son cher petit pouvait courir, lui mit au cœur subitement l’envie folle, irrésistible, de s’en aller, de fuir n’importe où, dans une chaumière du village. On la jetait dehors. Tant mieux !……………

II

Le manuscrit du texte qui précède se compose de 34 feuillets paginés 1 a 34.. Le 34e ne comprend que 15 lignes. Nous avons retrouvé, sur une feuille volante, une liste de noms essayés ou choisis pour les personnages : Morvaux, Cormusel, De la Charlerie, Charlery, docteur