Page:Maupassant - Œuvres posthumes, II, OC, Conard, 1910.djvu/213

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Parizot, abbé de Praxeville, Antoine de Praxas, Brémontal, Courmarin, Hiral, Marmelin, Boutemare, la famille et les demoiselles de Cerisaie, abbé Marvaux, docteur Paturel, passeur Pichard, cocher Philippe… »

Sur la même feuille, le portrait que voici, — celui de ce docteur Paturel que son père avait annoncé dès le premier chapitre comme un homme « qui ne moisirait pas en province », qui « serait un grand médecin… un grand médecin de la capitale » :


Sa figure rappelait un peu le masque maigre de Voltaire et de Bonaparte. Il avait le nez coupant, courbé, aigu, pointu, la mâchoire forte, aux os saillants sous les oreilles, et le menton effilé ; un œil gris pâle, avec la tache noire de la pupille au milieu, et un tel air d’autorité dans sa parole et dans ses démonstrations professionnelles qu’il inspirait à tout le monde une grande confiance. Il rétablit des gens réputés depuis longtemps inguérissables, des rhumatisants, des ankylosés des champs, les infirmes de l’humidité, par des méthodes d’hygiène, de nourriture et d’exercice, et des poudres qui leur redonnaient faim ; il guérit les plaies anciennes avec les antiseptiques nouveaux, et persécuta le microbe selon les procédés les plus récents. Puis, quand il avait soigné un malade, il semblait laisser derrière lui de la propreté dans la maison. Il prospéra, on l’appelait de très loin, et l’argent vint, car il y tenait, réglant le prix des visites selon les distances et les fortunes.

En quelques feuillets numérotés à part : 1, 2, 3, 4, 5, l’entretien de ce docteur Paturel et de l’abbé Marvaux, près de la voiture où gît le jeune infirme :


— Vous êtes le premier médecin du département… la fortune, tout.

— Mais j’habite ici, dit-il, j’y ronge, j’y perds ma