Page:Maupassant - Amoureux et Primeurs, paru dans Le Gaulois, 30 mars 1881.djvu/12

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comme une fleur vermeille au contact soporifique des nourritures vivifiantes ; il jouit de leur diversité, de la tendreté de leurs chairs et de leurs parfums ; le moelleux, le fondant, le croquant, le glacé se révèlent à lui dans leurs mystères gastronomiques, et il rentre enfin, après quatre mille ans d’épices corrosives, dans la pleine possession de celui-là même de ses sens pour lequel Dieu s’est le plus torturé sa cervelle de créateur… Je réhabilite la gourmandise, et je lui rends sa place parmi les vertus reconnaissantes. Je prends l’un après l’autre chacun de nos mets usuels, et j’en explique clairement la saveur particulière ; j’en décris l’entrée triomphale dans le palais, son séjour aux enchantements prolongés et son règne éphémère, je pose les règles de ce poème de gueule qu’on nomme un menu… »