Page:Maupassant - Au soleil, OC, Conard, 1908.djvu/134

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grande distraction. Puis le soir ramena le mouton rôti, le kous-kous et le lait aigre. Quand l’heure des repas approchait, je pensais souvent au café anglais.

Puis on se coucha sur les tapis devant les tentes, la chaleur ne permettant pas de rester dessous. Et nous avions, l’un devant nous, l’autre derrière, ces deux voisins étranges : le sable houleux comme une mer agitée et le sel uni comme une mer calme.

Le lendemain on traversa les dunes. On eût dit l’Océan devenu poussière au milieu d’un ouragan ; une tempête silencieuse de vagues énormes, immobiles, en sable jaune. Elles sont hautes comme des collines, ces vagues, inégales, différentes, soulevées tout à fait comme des flots déchaînés, mais plus grandes encore et striées comme de la moire. Sur cette mer furieuse, muette et sans mouvement, le dévorant soleil du sud verse sa flamme implacable et directe.

Il faut gravir ces lames de cendre d’or, dégringoler de l’autre côté, gravir encore, gravir sans cesse, sans repos et sans ombre. Les chevaux râlent, enfoncent jusqu’aux genoux et glissent en dévalant l’autre versant des surprenantes collines.