en boitant un peu. C’était un homme d’environ soixante ans, assez gros (ce qui est rare en ce pays), avec une dure physionomie arabe, des traits accentués, creusés, presque féroces. Il portait la croix de la Légion d’honneur. On le nommait Si Cherif-ben-Vhabeizzi, caïd des Oulad-Dia.
Il nous fit un long discours d’un air furieux pour nous inviter à entrer sous sa tente et prendre une collation. C’était la première fois que je pénétrais dans l’intérieur d’un chef nomade.
Un amoncellement de riches tapis de laine frisée couvrait le sol ; d’autres tapis étaient dressés pour cacher la toile nue ; d’autres tendus sur nos têtes formaient un épais, un imperméable plafond. Des sortes de divans ou plutôt de trônes étaient aussi recouverts d’étoffes admirables ; et une cloison faite de tentures orientales, coupant la tente en deux moitiés égales, nous séparait de la partie habitée par les femmes dont nous distinguions par moments les voix murmurantes.
On s’assit. Les deux fils du caïd prirent place auprès de leur père, qui se levait lui-même de temps en temps, disait un mot dans l’appartement voisin par-dessus la séparation ;