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Page:Maupassant - Au soleil, OC, Conard, 1908.djvu/247

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yeux vers elle, en hésitant. Elle était pâle et regardait au loin…

Je sentis que j’allais l’outrager bien gratuitement. Et puis, enfin, j’en faisais ma compagne, pour un mois.

Je prononçai : « Oui, Monsieur ».

Je la vis soudain rougir. J’en fus heureux.

Mais à l’hôtel, ici, en arrivant, le propriétaire lui tendit le registre. Elle me le passa tout aussitôt ; et je compris qu’elle me regardait écrire. C’était notre premier soir d’intimité !… Une fois la page tournée, qui donc le lirait, ce registre ? Je traçai : « Marquis et marquise de Roseveyre, se rendant à Loëche »

21 juin. — Six heures du matin. Bâle. Nous partons pour Berne. J’ai eu la main heureuse, décidément.

21 juin. — Dix heures du soir. Singulière journée. Je suis un peu ému. C’est bête et drôle.

Pendant le trajet, nous avons peu parlé. Elle s’était levée un peu tôt ; elle était fatiguée ; elle sommeillait.

Sitôt à Berne, nous avons voulu contempler ce panorama des Alpes que je ne connaissais point ; et nous voici partis à travers la ville, comme deux jeunes mariés.