Page:Maupassant - Au soleil, OC, Conard, 1908.djvu/279

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s'élève au-dessus d'un bas-relief étrange, représentant d'une façon grossière et comique l'accouchement de la vierge Marie. Un Anglais, en passant, admira la sculpture naïve, et la fit recouvrir d'un toit afin de la préserver des atteintes de ce climat sauvage.

Et nous suivons la plage, l'interminable plage tout le long de la baie d'Audierne. Il faut passer à gué ou à la nage deux petites rivières, peiner dans le sable ou sur la poussière de varech, aller toujours entre ces deux solitudes, l'une remuante, l'autre immobile, la mer et la lande.

Voici Audierne, triste petit port, qu'animent seulement l'entrée et la sortie des barques allant pécher la sardine.

Avant de partir, au matin, on goûte, au lieu du vulgaire café au lait, quelques-uns de ces petits poissons frais, poudrés de sel, savoureux, parfumés, vraies violettes des flots. Et on repart vers la pointe du Raz, cette fin du monde, ce bout de l'Europe.

On monte, on monte toujours, et soudain on aperçoit deux mers, à gauche l'Océan, à droite la Manche.

C'est là qu'elles se rencontrent, qu'elles se battent sans cesse, heurtant leurs courants et