Page:Maupassant - Au soleil, OC, Conard, 1908.djvu/295

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ferait des grâces, quelques gouttes d'un liquide flamboyant dans un vase de fonte qu'on lui tend, puis elle se redresse en rugissant.

Un homme emporte ce feu sorti d'elle. Ce n'est plus maintenant qu'un lingot rouge qu'on dépose sous un marteau mû par la vapeur. Le marteau frappe, écrase, rend mince comme une feuille le métal ardent qu'on refroidit aussitôt dans l'eau. Une pince alors le saisit, le brise ; et le contremaître examine le grain avant de donner l'ordre : "Coulez !"

La cornue aussitôt se renverse de nouveau, et, comme un valet qui emplirait des verres autour d'une table, elle verse le flot flamboyant d'acier quelle porte en ses flancs dans une série de récipients de fonte déposés en rond autour d'elle.

Elle semble se déplacer d'une façon naturelle, toute simple, comme si une âme l'animait. Car il suffit, pour remuer ces engins fantastiques, pour leur faire accomplir leur oeuvre, les faire aller, venir, tomber, se redresser, tourner, pivoter, il suffit de toucher à des leviers gros comme des cannes, d'appuyer sur des boutons pareils à ceux des sonnettes électriques. Une force, un génie étrange semble planer, qui gouverne les gestes