Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/60

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— Tiens, elle ne s’est pas sauvée : c’est stupéfiant. Elle ne se laisse d’ordinaire embrasser que par les femmes. Vous êtes irrésistible, monsieur Duroy.

Il rougit, sans répondre, et d’un mouvement léger il balançait la petite fille sur sa jambe.

Mme Forestier s’approcha, et, poussant un cri d’étonnement :

— Tiens, voilà Laurine apprivoisée, quel miracle !

Jacques Rival aussi s’en venait, un cigare à la bouche, et Duroy se leva pour partir, ayant peur de gâter par quelque mot maladroit la besogne faite, son œuvre de conquête commencée.

Il salua, prit et serra doucement la petite main tendue des femmes, puis secoua avec force la main des hommes. Il remarqua que celle de Jacques Rival était sèche et chaude et répondait cordialement à sa pression ; celle de Norbert de Varenne, humide et froide et fuyait en glissant entre les doigts ; celle du père Walter, froide et molle, sans énergie, sans expression ; celle de Forestier, grasse et tiède. Son ami lui dit à mi-voix :

— Demain, trois heures, n’oublie pas.

— Oh non ! ne crains rien.

Quand il se retrouva sur l’escalier, il eut