Puis apercevant la croix sur la poitrine de l’officier, elle s’écria :
— Oh ! tu es décoré, que je suis contente ! Que je suis contente ! Oh ! si je pouvais t’embrasser ?
Un frisson de peur et de dégoût courut sur la peau du capitaine, à la pensée de ce baiser.
Il avait envie de s’en aller maintenant, d’être à l’air, de ne plus voir cette femme. Il restait cependant, ne sachant comment faire pour se lever, pour lui dire adieu. Il balbutia :
— Tu ne t’es donc pas soignée.
Une flamme passa dans les yeux d’Irma : « Non, j’ai voulu me venger, quand j’aurais dû en crever ! Et je les ai empoisonnés aussi, tous, tous, le plus que j’ai pu. Tant qu’ils ont été à Rouen je ne me suis pas soignée. »
Il déclara, d’un ton gêné, où perçait un peu de gaieté :
— Quant à ça, tu as bien fait.
Elle dit, s’animant, les pommettes rouges :
— Oh oui, il en mourra plus d’un par ma faute, va. Je te réponds que je me suis vengée.
Il prononça encore :
— Tant mieux.
Puis, se levant :
— Allons, je vais te quitter parce qu’il faut que je sois chez le colonel à quatre heures.
Elle eut une grosse émotion :
— Déjà ! tu me quittes déjà ! Oh ! tu viens à peine d’arriver !…
Mais il voulait partir à tout prix. Il prononça :
— Tu vois bien que je suis venu tout de suite ; mais