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Page:Maupassant - Boule de suif, 1902.djvu/129

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117
le lit 29

Elle répondit, tout en pleurant :

— Tu as bien vu, c’est écrit sur la porte.

Et elle cacha ses yeux sous le bord de ses draps.

Il reprit, éperdu, honteux :

— Comment as-tu attrapé ça, ma pauvre fille ?

Elle murmura :

— C’est ces salops de Prussiens. Ils m’ont prise presque de force et ils m’ont empoisonnée.

Il ne trouvait plus rien à ajouter. Il la regardait et tournait son képi sur ses genoux.

Les autres malades le dévisageaient et il croyait sentir une odeur de pourriture, une odeur de chair gâtée et d’infamie dans ce dortoir plein de filles atteintes du mal ignoble et terrible.

Elle murmurait :

— Je ne crois pas que j’en réchappe. Le médecin dit que c’est bien grave.