Page:Maupassant - Chronique, paru dans Le Gaulois, 2 mai 1882.djvu/13

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Comment nous attendrir maintenant ? La duchesse est exquise, dit-on — oui ; mais songer que son corsage est un séjour orné de pareils vers de mirliton !

Elle a des yeux d’ange — c’est possible ; — mais quand on pense que ces yeux-là ont dû pleurer sur la fleur bénie (pourquoi bénie ?)

Et puis, pour peu qu’on soit poète soi-même ; quand on rêve en quel endroit délicieux ces vers, dignes de Bossuet, s’étaient blottis ; quand on se dit qu’ils y ont été trouvés, et qu’il y en a peut-être encore de semblables, en ce lieu !… Oh ! Seigneur, faites que je ne trouve jamais une déclaration rimée ainsi dans la poitrine de ma bien-aimée ! Elle me deviendrait odieuse à jamais — ces simples mots : bénie — séjour — rajeunie — amour — étoile — sommeil — voile — réveil — inconstance — amours — espérance — toujours — suffiraient à déparfumer pour moi éternellement ces deux fleurs, bénies ou non.