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L’ENFANT.

cibles passions. Laissez-moi vous dire une aventure récente dont je fus témoin.

Oh ! madame, soyez toujours indulgente, et bonne, et miséricordieuse ; vous ne savez pas ! Malheur à ceux à qui la perfide nature a donné des sens inapaisables ! Les gens calmes nés sans instincts violents, vivent honnêtes, par nécessité. Le devoir est facile à ceux que ne torturent jamais les désirs enragés. Je vois des petites bourgeoises au sang froid, aux mœurs rigides, d’un esprit moyen et d’un cœur modéré, pousser des cris d’indignation quand elles apprennent les fautes des femmes tombées.

Ah ! vous dormez tranquille dans un lit pacifique que ne hantent point les rêves éperdus. Ceux qui vous entourent sont comme vous, font comme vous, préservés par la sagesse instinctive de leurs sens. Vous luttez à peine contre des apparences d’entraînement. Seul, votre esprit suit parfois des pensées malsaines, sans que tout votre corps se soulève rien qu’à l’effleurement de l’idée tentatrice. Mais chez ceux-là que le hasard a faits passionnés, madame, les sens sont invincibles.

Pouvez-vous arrêter le vent, pouvez-vous arrêter la mer démontée ? Pouvez-vous entraver les forces de la nature ? Non. Les sens aussi sont des forces de la nature, invincibles