Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/141

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Quand le vicomte fut rentré chez lui, il marcha pendant quelques minutes à grands pas vifs, à travers sa chambre. Il était trop agité pour réfléchir à rien. Une seule idée planait sur son esprit : « un duel, » sans que cette idée éveillât encore en lui une émotion quelconque. Il avait fait ce qu’il devait faire ; il s’était montré ce qu’il devait être. On en parlerait, on l’approuverait, on le féliciterait. Il répétait à voix haute, parlant comme on parle dans les grands troubles de pensée :

— Quelle brute que cet homme !

Puis il s’assit et il se mit à réfléchir. Il lui fallait, dès le matin, trouver des témoins. Qui choisirait-il ? Il cherchait les gens les plus posés et les plus célèbres de sa connaissance. Il prit enfin le marquis de La Tour-Noire et le colonel Bourdin, un grand seigneur et un soldat, c’était fort bien. Leurs