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noms porteraient dans les journaux. Il s’aperçut qu’il avait soif et il but, coup sur coup, trois verres d’eau ; puis il se remit à marcher. Il se sentait plein d’énergie. En se montrant crâne, résolu à tout, et en exigeant des conditions rigoureuses, dangereuses, en réclamant un duel sérieux, très sérieux, terrible, son adversaire reculerait probablement et ferait des excuses.

Il reprit la carte qu’il avait tirée de sa poche et jetée sur sa table et il la relut comme il l’avait déjà lue, au café, d’un coup d’œil et, dans le fiacre, à la lueur de chaque bec de gaz, en revenant. « Georges Lamil, 51, rue Moncey. » Rien de plus.

Il examinait ces lettres assemblées qui lui paraissaient mystérieuses, pleines de sens confus : Georges Lamil ? Qui était cet homme ? Que faisait-il ? Pourquoi avait-il regardé cette femme d’une pareille façon ? N’était-ce pas révoltant qu’un étranger, un inconnu vînt troubler ainsi votre vie, tout d’un coup, parce qu’il lui avait plu de fixer insolemment les