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suivait la rivière. Mais François soudain s’arrêta et demeurant immobile d’étonnement :

— Oh ! regardez, dit-il.

Les vignes avaient cessé, et toute la côte maintenant était couverte de lilas en fleur. C’était un bois violet ! une sorte de grand tapis étendu sur la terre, allant jusqu’au village, là-bas, à deux ou trois kilomètres.

Elle restait aussi saisie, émue. Elle murmura :

— Oh ! que c’est joli !

Et, traversant un champ, ils allèrent, en courant, vers cette étrange colline, qui fournit, chaque année, tous les lilas traînés à travers Paris, dans les petites voitures des marchandes ambulantes.

Un étroit sentier se perdait sous les arbustes. Ils le prirent et, ayant rencontré une petite clairière, ils s’assirent.

Des légions de mouches bourdonnaient au-dessus d’eux, jetaient dans l’air un ronflement doux et continu. Et le soleil, le grand soleil d’un jour sans brise, s’abattait sur le long