Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/124

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La comtesse, pour juger s’il disait vrai, étendit le tricot qu’elle tenait sur la chaise de soie inoccupée à côté d’elle, puis elle convint avec indifférence :

— Oui, en effet, c’est laid.

Et elle se remit à travailler. Les deux têtes voisines, penchées sous les deux lumières toutes proches, recevaient dans les cheveux une coulée de lueur rose qui se répandait sur la chair des visages, sur les robes et sur les mains remuantes ; et elles regardaient leur ouvrage avec cette attention légère et continue des femmes habituées à ces besognes des doigts, que l’œil suit sans que l’esprit y songe.

Aux quatre coins de l’appartement, quatre autres lampes en porcelaine de Chine, portées sur des colonnes anciennes de bois doré, répandaient sur les tapisseries une lumière douce et régulière, atténuée par des transparents de dentelle jetés sur les globes.

Bertin prit un siège très bas, un fauteuil nain, où il pouvait tout juste s’asseoir, mais qu’il avait toujours préféré pour causer avec la comtesse, en demeurant presque à ses pieds.

Elle lui dit :

— Vous avez fait une longue promenade avec Nané, tantôt, dans le parc.

— Oui. Nous avons bavardé comme de vieux amis. Je l’aime beaucoup, votre fille. Elle vous res-