Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/125

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semble tout à fait. Quand elle prononce certaines phrases, on croirait que vous avez oublié votre voix dans sa bouche.

— Mon mari me l’a déjà dit bien souvent.

Il les regardait travailler, baignées dans la clarté des lampes, et la pensée dont il souffrait souvent, dont il avait encore souffert dans le jour, le souci de son hôtel désert, immobile, silencieux, froid, quel que soit le temps, quel que soit le feu des cheminées et du calorifère, le chagrina comme si, pour la première fois, il comprenait bien son isolement.

Oh ! comme il aurait décidément voulu être le mari de cette femme, et non son amant ! Jadis il désirait l’enlever, la prendre à cet homme, la lui voler complètement. Aujourd’hui il le jalousait ce mari trompé qui était installé près d’elle pour toujours, dans les habitudes de sa maison et dans le câlinement de son contact. En la regardant, il se sentait le cœur tout rempli de choses anciennes revenues qu’il aurait voulu lui dire. Vraiment il l’aimait bien encore, même un peu plus, beaucoup plus aujourd’hui qu’il n’avait fait depuis longtemps ; et ce besoin de lui exprimer ce rajeunissement dont elle serait si contente, lui faisait désirer qu’on envoyât se coucher la jeune fille, le plus vite possible.

Obsédé par cette envie d’être seul avec elle, de