Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/188

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Il cria :

— Annette, Nané.

La voix de la jeune fille répondit du dehors, car elle donnait du sucre aux chevaux.

— Voilà, voilà !

— Viens donc ici.

Elle accourut.

— Tiens, mets-toi tout près de ta mère.

Elle s’y plaça, et il les compara ; mais il répétait machinalement, sans conviction : « Oui, c’est étonnant, c’est étonnant, » car elles se ressemblaient moins côte à côte qu’avant de quitter Paris, la jeune fille ayant pris en cette toilette noire une expression nouvelle de jeunesse lumineuse, tandis que la mère n’avait plus depuis longtemps cette flambée des cheveux et du teint dont elle avait jadis ébloui et grisé le peintre en le rencontrant pour la première fois.

Puis la comtesse et lui entrèrent au salon. Il semblait radieux.

— Ah ! la bonne idée que j’ai eue de venir ! — disait-il. Il se reprit : — Non, c’est votre mari qui l’a eue pour moi. Il m’a chargé de vous ramener. Et moi, savez-vous ce que je vous propose ? — Non, n’est-ce pas ? — Eh bien, je vous propose au contraire de rester ici. Par ces chaleurs, Paris est odieux, tandis que la campagne est délicieuse. Dieu ! qu’il fait bon ! »