Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/196

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les mêler dans son cœur, à ne plus les distinguer dans sa pensée, et il berçait son désir au charme de cette confusion. N’était-ce pas une seule femme que cette mère et cette fille si pareilles ? et la fille ne semblait-elle pas venue sur la terre uniquement pour rajeunir son amour ancien pour la mère ?

Quand il rouvrit les yeux en pénétrant dans le château, il lui sembla qu’il venait de passer les plus délicieuses minutes de sa vie, de subir la plus étrange, la plus inanalysable et la plus complète émotion que peut goûter un homme, grisé d’une même tendresse par la séduction émanée de deux femmes.

— Ah ! l’exquise soirée ! dit-il, dès qu’il se retrouva entre elles à la lumière des lampes.

Annette s’écria :

— Je n’ai pas du tout besoin de dormir, moi ; je passerais toute la nuit à me promener quand il fait beau.

La comtesse regarda la pendule :

— Oh ! il est onze heures et demie. Il faut se coucher, mon enfant.

Ils se séparèrent, chacun allant vers son appartement. Seule, la jeune fille qui n’avait pas envie de se mettre au lit, dormit bien vite.

Le lendemain, à l’heure ordinaire, lorsque la femme de chambre, après avoir ouvert les rideaux et les auvents, apporta le thé et regarda sa maîtresse encore ensommeillée, elle lui dit :