Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/198

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cristal taillé, tous ses petits instruments de coquetterie à manche d’ivoire portant son chiffre coiffé d’une couronne. Ils étaient là, innombrables, jolis, différents, destinés à des besognes délicates et secrètes, les uns en acier, fins et coupants, de formes bizarres, comme des outils de chirurgie pour opérer des bobos d’enfant, les autres ronds et doux, en plume, en duvet, en peau de bêtes inconnues, faits pour étendre sur la chair tendre la caresse des poudres odorantes, des parfums gras ou liquides.

Longtemps elle les mania de ses doigts savants, promena de ses lèvres à ses tempes leur toucher plus moelleux qu’un baiser, corrigeant les nuances imparfaitement retrouvées, soulignant les yeux, soignant les cils. Quand elle descendit enfin, elle était à peu près sûre que le premier regard qu’il lui jetterait ne serait pas trop défavorable.

— Où est M. Bertin ? demanda-t-elle au domestique rencontré dans le vestibule.

L’homme répondit :

— M. Bertin est dans le verger, en train de faire une partie de lawn-tennis avec mademoiselle.

Elle les entendit de loin crier les points.

L’une après l’autre, la voix sonore du peintre et la voix fine de la jeune fille annonçaient : quinze, trente, quarante, avantage, à deux, avantage, jeu.

Le verger où avait été battu un terrain pour le