Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour n’être plus tentée de l’appeler, quand il leva les yeux et l’aperçut. Il cria :

— Tiens, vous rêvez aux étoiles, comtesse ?

Elle répondit :

— Oui, vous aussi, à ce que je vois ?

— Oh ! moi, je fume tout simplement.

Elle ne put résister au désir de demander :

— Comment ne m’avez-vous pas prévenue que vous sortiez ?

— Je voulais seulement griller un cigare. Je rentre, d’ailleurs.

— Alors bonsoir, mon ami.

— Bonsoir, comtesse.

Elle recula jusqu’à sa chaise basse, s’y assit, et pleura ; et la femme de chambre, appelée pour la mettre au lit, voyant ses yeux rouges, lui dit avec compassion :

— Ah ! Madame va encore se faire une vilaine figure pour demain.

La comtesse dormit mal, fiévreuse, agitée par des cauchemars. Dès son réveil, avant de sonner, elle ouvrit elle-même sa fenêtre et ses rideaux pour se regarder dans la glace. Elle avait les traits tirés, les paupières gonflées, le teint jaune ; et le chagrin qu’elle en éprouva fut si violent, qu’elle eut envie de se dire malade, de garder le lit et de ne se pas montrer jusqu’au soir.

Puis, soudain, le besoin de partir entra en elle,