Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oui, nous avons de l’anémie, des troubles nerveux. Ça n’est pas étonnant, puisque vous venez d’éprouver un gros chagrin. Je vais vous faire une petite ordonnance qui mettra bon ordre à cela. Mais, avant tout, il faut manger des choses fortifiantes, prendre du jus de viande, ne pas boire d’eau, mais de la bière. Je vais vous indiquer une marque excellente. Ne vous fatiguez pas à veiller, mais marchez le plus que vous pourrez. Dormez beaucoup et engraissez un peu. C’est tout ce que je peux vous conseiller, madame et belle cliente.

Elle l’avait écouté avec un intérêt ardent, cherchant à deviner tous les sous-entendus.

Elle saisit le dernier mot.

— Oui, j’ai maigri. J’étais un peu trop forte à un moment, et je me suis peut-être affaiblie en me mettant à la diète.

— Sans aucun doute. Il n’y a pas de mal à rester maigre quand on l’a toujours été, mais quand on maigrit par principe, c’est toujours aux dépens de quelque chose. Cela, heureusement, se répare vite. Adieu, madame.

Elle se sentait mieux déjà, plus alerte ; et elle voulut qu’on allât chercher pour le déjeuner la bière qu’il avait indiquée, à la maison de vente principale, afin de l’avoir plus fraîche.

Elle sortait de table quand Bertin fut introduit.