Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/225

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— C’est encore moi, dit-il, toujours moi. Je viens vous interroger. Faites-vous quelque chose, tantôt ?

— Non, rien ; pourquoi ?

— Et Annette ?

— Rien non plus.

— Alors, pouvez-vous venir chez moi vers quatre heures ?

— Oui ; mais à quel propos ?

— J’esquisse ma figure de la Rêverie, dont je vous ai parlé en vous demandant si votre fille pourrait me donner quelques instants de pose. Cela me rendrait un grand service si je l’avais seulement une heure aujourd’hui. Voulez-vous ?

La comtesse hésitait, ennuyée sans savoir de quoi. Elle répondit cependant :

— C’est entendu, mon ami, nous serons chez vous à quatre heures.

— Merci. Vous êtes la complaisance même.

Et il s’en alla préparer sa toile et étudier son sujet pour ne point trop fatiguer le modèle.

Alors la comtesse sortit seule, à pied, afin de compléter ses achats. Elle descendit aux grandes rues centrales, puis remonta le boulevard Malesherbes à pas lents, car elle se sentait les jambes rompues. Comme elle passait devant Saint-Augustin, une envie la saisit d’entrer dans cette église et de s’y reposer. Elle poussa la porte capitonnée,