Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

yeux deux gouttes claires qui, se détachant, coulaient sur les joues. Alors il tressaillit d’une de ces secousses qui jettent un homme hors de lui, et il murmura, en se tournant vers la comtesse :

— Dieu, qu’elle est belle !

Mais il demeura stupéfait devant le visage livide et convulsé de Mme  de Guilleroy.

De ses yeux larges, pleins d’une sorte de terreur, elle les contemplait, sa fille et lui. Il s’approcha, saisi d’inquiétude, en demandant :

— Qu’avez-vous ?

— Je veux vous parler.

S’étant levée, elle dit à Annette rapidement :

— Attends une minute, mon enfant, j’ai un mot à dire à M. Bertin.

Puis elle passa vite dans le petit salon voisin où il faisait souvent attendre ses visiteurs. Il la suivit, la tête brouillée, ne comprenant pas. Dès qu’ils furent seuls, elle lui saisit les deux mains et balbutia :

— Olivier, Olivier, je vous en prie, ne la faites plus poser !

Il murmura, troublé :

— Mais pourquoi ?

Elle répondit d’une voix précipitée :

— Pourquoi ? pourquoi ? Il le demande ? Vous ne le sentez donc pas, vous, pourquoi ? Oh ! j’aurais dû le deviner plus tôt, moi, mais je viens seule-