Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment de le découvrir tout à l’heure… Je ne peux rien vous dire maintenant… rien… Allez chercher ma fille. Racontez-lui que je me trouve souffrante, faites avancer un fiacre, et venez prendre de mes nouvelles dans une heure. Je vous recevrai seul !

— Mais enfin, qu’avez-vous ?

Elle semblait prête à se rouler dans une crise de nerfs.

— Laissez-moi. Je ne peux pas parler ici. Allez chercher ma fille et faites venir un fiacre.

Il dut obéir et rentra dans l’atelier. Annette, sans soupçons, s’était remise à lire, ayant le cœur inondé de tristesse par l’histoire poétique et lamentable. Olivier lui dit :

— Ta mère est indisposée. Elle a failli se trouver mal en entrant dans le petit salon. Va la rejoindre. J’apporte de l’éther.

Il sortit, courut prendre un flacon dans sa chambre, et puis revint.

Il les trouva pleurant dans les bras l’une de l’autre. Annette, attendrie par les Pauvres Gens, laissait couler son émotion, et la comtesse se soulageait un peu en confondant sa peine avec ce doux chagrin, en mêlant ses larmes avec celles de sa fille.

Il attendit quelque temps, n’osant parler et les regardant, oppressé lui-même d’une incompréhensible mélancolie.