Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/236

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précipité quand on vous a proposé d’aller nous chercher.

— Ah ! par exemple ! Vous me reprochez de ne pas vous avoir laissée seule, là-bas, vous sachant malade, après la mort de votre mère.

— Soit ! Je n’insiste pas. Mais ceci : le besoin de revoir Annette est chez vous si impérieux, que vous n’avez pu laisser passer la journée d’aujourd’hui sans me demander de la conduire chez vous, sous prétexte de pose.

— Et vous ne supposez pas que c’est vous que je cherchais à voir ?

— En ce moment vous argumentez contre vous-même, vous cherchez à vous convaincre, vous ne me trompez pas. Écoutez encore. Pourquoi êtes-vous parti brusquement, avant-hier soir, quand le marquis de Farandal est entré ? Le savez-vous ?

Il hésita, fort surpris, fort inquiet, désarmé par cette observation. Puis, lentement :

— Mais… je ne sais trop… j’étais fatigué… et puis, pour être franc, cet imbécile m’énerve.

— Depuis quand ?

— Depuis toujours.

— Pardon, je vous ai entendu faire son éloge. Il vous plaisait autrefois. Soyez tout à fait sincère, Olivier.

Il réfléchit quelques instants, puis, cherchant ses mots :