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Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/235

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colère, sans être ébranlée en sa conviction, mais affreusement pâle, elle murmura :

— Olivier, je sais bien tout ce que vous me dites, et je le pense ainsi que vous. Mais je suis sûre de ne pas me tromper. Écoutez, réfléchissez, comprenez. Ma fille me ressemble trop, elle est trop tout ce que j’étais autrefois quand vous avez commencé à m’aimer, pour que vous ne vous mettiez pas à l’aimer aussi.

— Alors, s’écria-t-il, vous osez me jeter une chose pareille à la face sur cette simple supposition et ce ridicule raisonnement : Il m’aime, ma fille me ressemble — donc il l’aimera.

Mais voyant le visage de la comtesse s’altérer de plus en plus, il continua, d’un ton plus doux :

— Voyons, ma chère Any, mais c’est justement parce que je vous retrouve en elle, que cette fillette me plaît beaucoup. C’est vous, vous seule que j’aime en la regardant.

— Oui, c’est justement ce dont je commence à tant souffrir, et ce que je redoute si fort. Vous ne démêlez point encore ce que vous sentez. Vous ne vous y tromperez plus dans quelque temps.

— Any, je vous assure que vous devenez folle.

— Voulez-vous des preuves ?

— Oui.

— Vous n’étiez pas venu à Roncières depuis trois ans, malgré mes instances. Mais vous vous êtes