Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/290

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soupçons de la comtesse et se gardant une porte amie dans l’intérieur du jeune ménage.

Dès qu’il eut déjeuné, il descendit à l’Opéra pour s’assurer la possession d’une des loges cachées derrière le rideau. Elle lui fut promise. Alors il courut chez les Guilleroy.

La comtesse parut presque aussitôt, et, encore tout émue de leur attendrissement de la veille :

— Comme c’est gentil de revenir aujourd’hui ! dit-elle.

Il balbutia.

— Je vous apporte quelque chose.

— Quoi donc ?

— Une loge sur la scène de l’Opéra pour une représentation unique de Helsson et de Montrosé.

— Oh ! mon ami, quel chagrin ! Et mon deuil ?

— Votre deuil est vieux de quatre mois bientôt.

— Je vous assure que je ne peux pas.

— Et Annette ? Songez qu’une occasion pareille ne se représentera peut-être jamais.

— Avec qui irait-elle ?

— Avec son père et la duchesse que je vais inviter. J’ai l’intention aussi d’offrir une place au marquis.

Elle le regarda au fond des yeux tandis qu’une envie folle de l’embrasser lui montait aux lèvres. Elle répéta, ne pouvant en croire ses oreilles :