Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/319

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qualité d’Inspecteur des Beaux-Arts, il possédait une galerie collectionnée avec adresse.

— Je vous suis, dit-il.

Ils entrèrent.

Le valet de chambre réveillé apporta des grogs ; et la conversation se traîna sur la peinture pendant quelque temps. Bertin montrait des études en priant Musadieu de prendre celle qui lui plairait le mieux ; et Musadieu hésitait, troublé par la lumière du gaz qui le trompait sur les tonalités. À la fin il choisit un groupe de petites filles dansant à la corde sur un trottoir ; et presque tout de suite il voulut s’en aller en emportant son cadeau.

— Je le ferai déposer chez vous, disait le peintre.

— Non, j’aime mieux l’avoir ce soir même pour l’admirer avant de me mettre au lit.

Rien ne put le retenir, et Olivier Bertin se retrouva seul encore une fois dans son hôtel, cette prison de ses souvenirs et de sa douloureuse agitation.

Quand le domestique entra, le lendemain matin, en apportant le thé et les journaux, il trouva son maître assis dans son lit, si pâle qu’il eut peur.

— Monsieur est indisposé ? dit-il.

— Ce n’est rien, un peu de migraine.

— Monsieur ne veut pas que j’aille chercher quelque chose ?

— Non. Quel temps fait-il ?