Page:Maupassant - Galanterie sacrée, paru dans Gil Blas, 17 novembre 1881.djvu/4

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On le choisit avec soin dans le troupeau des néophytes, celui qui doit capter les femmes. Il est nécessaire qu’il soit beau, qu’il ait les yeux grands, le geste large, du charme, de l’onction. On le prépare à son rôle dans le silence du monastère, puis on l’essaye modestement en quelque petite église de Paris.

Il commence sa mission, expérimente son pouvoir. C’est aux femmes qu’il s’adresse ; il parle à leur sentiment, et, s’il a la vocation qu’il faut, elles répondent tout de suite à son appel secret. Des jeunes filles, des bourgeoises accourent réclamer sa direction, deviennent ses amies, ses petites amies. On commence à le venir voir au couvent, dans les cases vitrées du parloir ; lui-même se rend à domicile. De mystérieux complots ont lieu, dont il est l’âme, pour ramener à Dieu le cœur égaré de quelque petite camarade. L’amie dévouée ménage des entrevues avec ce convertisseur juré, en arrière du père de famille libre-penseur ; et alors ce sont des après-midi délicieuses, des réunions hebdo-