Page:Maupassant - Galanterie sacrée, paru dans Gil Blas, 17 novembre 1881.djvu/5

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madaires où l’on parle de tout, et où le nom du Christ revient sans cesse. Le révérend père, chargé des pouvoirs du ciel, agit comme pour lui-même, recrute les fiancées de Dieu, exerce en son nom une sorte de droit de jambage moral, fait pour le mieux, enfin.

Mais il faut un prétexte à ces entrevues multipliées. Le prétexte, toujours le même, est bientôt trouvé. Toute fillette ayant reçu une éducation soignée a pris des leçons de dessin. On fait le portrait du père. C’est d’abord un modeste crayon, un essai. Mais il se prête si complaisamment à poser ! Il est si bien, si beau en sa longue robe tombante !

On en fera par la suite, allez, des portraits de lui, à la douzaine, à la centaine. Elles en feront toutes, toutes celles qui auront le bonheur de manier le fusain, le pinceau, le crayon, l’ébauchoir. Et toujours, avec la même complaisance il posera, patient, majestueux, superbe, dans les salons, les boudoirs, les ateliers ! Il posera tous les jours, chez dix pénitentes