Page:Maupassant - Galanterie sacrée, paru dans Gil Blas, 17 novembre 1881.djvu/7

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gures diverses du révérend père qui vous a initiée aux joies du ciel ?

On le consulte à tout moment.

Il reçoit des lettres de ce ton :

« Mon père, je souffre ; la banalité de la vie m’oppresse ; les lourdes réalités m’accablent. Il me semble que je me sens des envies de partir, de monter, je ne sais où, vers un idéal inconnu, l’idéal du rêve, etc. » — Cela raconté en quatre pages.

Il y répond dans ce goût :

« L’idéal ! l’idéal ! C’est le cri de toute âme, la soif inextinguible, l’éternelle aspiration ! Où est l’idéal, dites-vous ? Il est en Dieu ! Il est en vous ! Votre appel désespéré, l’élan furieux de votre cœur vers lui… c’est de l’idéal, cela, ma fille. L’idéal ! il est dans l’infini que nous percevons sans le bien comprendre. Quand nous serons nous-mêmes mêlés à l’infini, c’est-à-dire à Dieu, nous jouirons pleinement de l’idéal ! Tout existe, sauf le néant ! L’idéal existe, puisque nous en avons l’obscure conscience ! Le néant n’existe pas, puisque l’existence d’un seul être en constitue l’éclatante négation.

« Hors de là vous vous débattez dans le