Page:Maupassant - Jour de fête (extrait de Gil Blas, édition du 1886-07-20).djvu/7

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et des fleuves plus solidement que l’amour ne lie un homme aux pas d’une femme.

Ils oublient tout, tout au monde, leur maison, leur famille, leurs enfants, leurs affaires, leurs soucis pour regarder dans les remous ce petit flotteur qui bouge. Jamais l’œil ardent d’un amoureux n’a cherché le secret caché dans l’œil de sa bien-aimée avec plus d’angoisse et de ténacité que l’œil du pêcheur qui cherche à deviner quelle bête a mordillé l’appât dans la profondeur de l’eau.

Chantez donc la passion, ô poètes ! La voilà ! Ô mystères des cœurs humains, mystère insondable des attaches, mystère des amours inexplicables, mystère des goûts semés dans l’être par l’incompréhensible nature, qui vous pénétrera jamais ?

Est-il possible que des hommes d’intelligence reviennent durant toute leur vie passer leurs jours, du matin au soir, à désirer, de toute leur âme, de toute la force de leurs espérances, cueillir au fond de l’eau, avec une pointe d’acier, un tout