Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/212

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Il sourit, puis murmura :

— Non, je ne suis même pas marié. J’en suis resté aux préliminaires.

J’eus l’air de me souvenir tout à coup.

— Ah !… c’est vrai, vous étiez fiancé, quand je vous ai connu, fiancé avec Mlle de Mandal, je crois.

— Oui, monsieur, votre mémoire est excellente.

J’eus une audace excessive, et j’ajoutai :

— Oui, je crois me rappeler aussi avoir entendu dire que Mlle de Mandal avait épousé monsieur… monsieur…

Il prononça tranquillement ce nom.

— M. de Fleurel.

— Oui, c’est cela ! Oui… je me rappelle même, à ce propos, avoir entendu parier de votre blessure.

Je le regardais bien en face, et il rougit.

Sa figure pleine, bouffie, que l’afflux constant de sang rendait déjà pourpre, se teinta davantage encore.

Il répondit avec vivacité, avec l’ardeur soudaine d’un homme qui plaide une cause perdue d’avance, perdue dans son esprit et dans son cœur, mais qu’il veut gagner devant l’opinion.