Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Puis il répondit avec cet air de blague qui ne quittait guère ses lèvres.

— Eh ben ! vrai, je commence à croire que nous nous entendrons tout de même.

Le curé se mit à marcher.

— Allons dîner, dit-il.

Il songeait soudain, avec une petite joie instinctive, confuse et bizarre, au beau poisson pêché par lui, qui, joint à la poule au riz, ferait, ce jour-là, un bon repas pour ce misérable enfant.

L’Arlésienne, inquiète et déjà grondeuse, attendait devant la porte.

— Marguerite, cria l’abbé, enlevez la table et portez-la dans la salle, bien vite, bien vite, et mettez deux couverts, mais bien vite.

La bonne restait effarée, à la pensée que son maître allait dîner avec ce malfaiteur.

Alors l’abbé Vilbois se mit lui-même à desservir et à transporter, dans l’unique pièce du rez-de-chaussée, le couvert préparé pour lui.

Cinq minutes plus tard, il était assis, en face du vagabond, devant une soupière pleine de soupe aux choux, qui faisait monter entre leurs visages un petit nuage de vapeur bouillante.