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Page:Maupassant - La Main gauche, OC, Conard, 1910.djvu/272

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LA MAIN GAUCHE.

souriante, toute parfumée déjà, et demandait, dès la porte :

— Eh bien ! Georges, allons-nous mieux ?

Le grand enfant, rouge, la figure gonflée, et rongé par la fièvre, répondait :

— Oui, petite mère, un peu mieux.

Elle demeurait quelques instants dans la chambre, regardait les bouteilles de drogues en faisant « pouah » du bout des lèvres, puis soudain s’écriait ; « Ah ! j’oubliais une chose très urgente » ; et elle se sauvait en courant et laissant derrière elle de fines odeurs de toilette. Le soir, elle apparaissait en robe décolletée, plus pressée encore, car elle était toujours en retard ; et elle avait juste le temps de demander :

— Eh bien, qu’a dit le médecin ?

L’abbé répondait :

— Il n’est pas encore fixé, madame.

Or, un soir, l’abbé répondit : « Madame, votre fils est atteint de la petite vérole. »

Elle poussa un grand cri de peur, et se sauva.

Quand sa femme de chambre entra chez elle le lendemain, elle sentit d’abord dans la pièce une forte odeur de sucre brûlé, et elle