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MA FEMME.

sur mon honneur. » Mon oncle reprit : « Oui, c’est bien. C’est ton devoir de dire cela. »

À mon tour, je me fâchai, et je lui racontai toute ma mésaventure. Il me regardait avec des yeux ébahis, ne sachant pas ce qu’il devait croire.

Puis il sortit conférer avec le colonel.

J’appris qu’on avait formé aussi une espèce de tribunal de mères, auquel étaient soumises les différentes phases de la situation.

Il revint une heure plus tard, s’assit avec des allures de juge, et commença : « Quoi qu’il en soit, je ne vois pour toi qu’un moyen de te tirer d’affaires, c’est d’épouser Mlle  Dumoulin. »

Je fis un bond d’épouvante :

— Quant à ça, jamais par exemple !

Il demanda gravement : « Que comptes-tu donc faire ? »

Je répondis avec simplicité : « Mais… m’en aller, quand on m’aura rendu mes bottines. »

Mon oncle reprit : « Ne plaisantons pas, s’il te plaît. Le colonel est résolu à te brûler la cervelle dès qu’il t’apercevra. Et tu peux être sûr qu’il ne menace pas en vain. J’ai parlé d’un duel, il a répondu : « Non, je vous dis que je lui brûlerai la cervelle. »

« Examinons maintenant la question à un autre point de vue.

« Ou bien tu as séduit cette enfant et, alors,