Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/160

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pénétré dans le salon, j’aperçus, l’une suivant l’autre, trois vieilles têtes en bonnet blanc, qui s’en venaient en se balançant avec des mouvements différents, l’une chavirant à droite, tandis que l’autre chavirait à gauche. Et, trois bonnes femmes se présentèrent, boitant, traînant la jambe, estropiées par les maladies et déformées par la vieillesse, trois infirmes hors de service, les trois seules pensionnaires capables de marcher encore de l’établissement hospitalier que dirigeait la Sœur Saint-Benoît.

Elle s’était retournée vers ses invalides, pleine de sollicitude pour elles ; puis, voyant mes salons de maréchal des logis, elle me dit :

— Je vous remercie bien, monsieur l’officier, d’avoir pensé à ces pauvres femmes. Elles ont bien peu de plaisir dans la vie, et c’est pour elles en même temps un grand bonheur et un grand honneur que vous leur faites.

J’aperçus le curé, resté dans l’ombre du couloir et qui riait de tout son cœur. A mon tour, je me mis à rire, en regardant surtout la tête de Marchas. Puis montrant des sièges à la religieuse :

— Asseyez-vous, ma Sœur ; nous sommes très fiers et très heureux que vous ayez accepté notre modeste invitation.